De la Loi de Nature, représentée par Hiram on passe à la Loi humaine, représentée par Christian Rosencreutz, et ensuite à la Loi de Dieu, représentée par Jesus. Le relêvement rituel du candidat marque le premier passage, et l'instinct est la parole qu'il a perdue. L'ouverture du tombeau de C[hristian] R[osenkreutz] marque le deuxiême passage: en voyant le livre T, que le Second Maître serre contre la poitrine, on trouve enfim l'intuition, soit la parole dans son êtat humain, car l'intuition est l'instinct de l'intelligence, le mariage de ces deux dans des «noces chimiques» dont on a décrit ailleurs, en langage symbolique les grades, ou marches, magiques. La découverte, sans cherche ni difficulté, du tombeau de Jesus, ouvert et vide, marque le passage final, le mariage divin, celui de l'intuition avec la profondeur même de l'âme, l'union avec le Christ.

Dans le premier grade de cette vraie initiation le candidat a la tâche de tuer (en soi) les trois assassins du Maître, les trois éléments qui s'opposent (en lui) à la Loi de Nature - le désir du superflu, la croyance à la science et l'impulsion de dominer (la volonté de pouvoir, de Nietzsche); ou, dans un langage plus simple, l'ambition, l'orgueil et la vanité. Cela, du reste, lui est déjá obscurément indiqué, au commencement même de sa vie initiatique, quand il est dépouillé de métaux. Il est dépouillé, techniquement, du fer (armes), de I'argent (qui est la monnaie qui achête) et de l'or (qui est la monnaie qui éblouit) - métaux régis, respectivement, par Mars, Lune et Soleil, significateurs de l'ambition, de la vanité et de l'orgueil. Quand les trois assassins sont tués dans l'âme de l'aspirant, il est prêt pour l'avancement.

Dans le deuxiême grade de cette ascension vers Dieu, la tâche du candidat est de retrouver la parole. Pour cela il faut qu'il fasse trois choses: qu'il trouve oú est située Ia voûte mortuaire de C[hristian] R[osenkreutz], qu'il ouvre cette voûte, qu'il ouvre le tombeau et y voit le Maître Parfait, qui porte la Parole contre son sein - ce Livre T (Templi) qui en même temps complête et s'oppose au Livre M (Mundi). Il faut d'abord qu'il sache qu'il est en lui une voûte ou est logée son âme supérieure morte en ce monde. Il faut, ensuite, qu'il la trouve. Il faut, après, qu'il sache ouvrir cette voûte. Il faut, encore, qu'il sache regarder bien ce qu'il y voit. Il faut, finalement, qu'il sache ouvrir le tombeau du Maître et le voir dans la majesté de sa mort vive, incorruptible. Ce sont les cinq points parfais de la grande maîtrise, [les cinq pointes de l'étoile magique, les cinq pétales de la Rose crucifiée.] Par eux il est relevé de cette vie, qui n'est qu'une mort figurative.

L'homme n'était pas destiné à être ce qu'il est: il n'est devenu tel que par la Chute. Retrouver la Parole c'est retrouver la vraie Loi Humaine, l'Adam primitif et androgyne, fait ainsi à l'image de Elohim. Faire en soi même le mariage des deux principes - c'est là la Loi Humaine retrouvée, la vraie création de la pierre philosophale.

Hiram est l'Homme qui devrait être et sa Parole était cette destinée qui s'est perdue. Nous pourrons retrouver la Parole, non pas retrouver Hiram. Il est vraiment mort, et c'est là le peché originel; nous ne pourrons nous en défaire qu'en nous régénérant, soit en naissant à nouveau. Tel est le sens du mot «néophyte».